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La Zone

LA ZONE – Liège / 02.2010 (About Plynt Records)

Ce mois-ci, focus sur le label Plynt Records (anciennement appelé Aeclectrick Records) à l’occasion du passage de Skiv Trio à la Zone en décembre dernier, une formation dans laquelle on trouve Jim le fondateur du dit label ainsi que le batteur et le saxophoniste de Khartung. Ils mêlent le jazz aux expérimentations electro quand ils ne prennent pas la tangente post-rock ou des accents bruitistes. Vous l’aurez compris, on est en plein mélange de genres à l’image d’une instrumentation qui compte saxo, clarinette, batterie, machines et guitare. Pas de fourre-tout indigeste sur ce 4 titres mais un ensemble cohérent, fouillé et d’une surprenante maturité comme leur tout premier concert donné en nos murs et qui augure du meilleur pour ce jeune groupe qui tente, à sa manière, d’explorer de nouvelles voies qu’on suivra volontiers (SKIV TRIO “Twang” / Plynt records).

Et puis on remonte en 2007, quand le dubstep a commencé à se faire entendre par chez nous grâce principalement à Bun Zero, organisateur de soirées, dj, chroniqueur spécialisé electro dans Rif Raf et “sélecteur” du tracklisting de la compil dont il est ici question. On rappelle pour ceux qui auraient loupé le train en marche ainsi que les soirées Urban Tones de l’ami Jack que le dubstep est ce courant qui brasse entre autres dub, electronica, indus et two-step. Et c’est le meilleur du style qui nous est ici proposé par Bun Zero en 13 titres d’artistes issus d’Angleterre évidemment mais aussi d’Amérique, d’Allemagne, du Danemark, de Roumanie ( !) et même de chez nous. L’accent est mis sur le côté deep, urbain et mélancolique, une dimension trop souvent oubliée en soirée au profit des écrasantes sub-bass ou des cadences frénétiques de la drum’n’bass. Ici c’est d’abord la danse des neurones puis l’irrépressible hochement de tête chaloupé avant un mouvement plus généralisé du corps en ondulations régulières. Bref tout le monde flashe et finit par onduler comme un serpent à l’écoute de Ramadan Man et ses mélodieux médiums carrément chantants ou encore Grand Danois qui construit son morceau autour du cri de l’esprit, le fameux “khi” cher aux pratiquants d’arts martiaux. Idem pour Marlow et son titre échafaudé autour d’un thème de musique classique tellement connu que le nom m’échappe ainsi que pour l’allemand Slazenger et son hypnotique “Eightball” dont les puissants services nous envoient vite sur orbite. On pourrait quasi tout citer sur cette compil où il n’y a pas grand-chose à jeter qui fait référence en matière de dubstep (VARIOUS “Sub Stance” / Aeclectrick records ).

Deux ans plus tôt sortait sur Aeclectrick l’album “Mismatch” de Slemper sous une pochette surréaliste présentant un double câble cinch directement branché sur un cornichon ! S’agirait-il d’une tentative de restitution du chant des cucurbitacées ? En tout cas, l’aspect aigre n’est pas ici mis fort en avant au profit de la douceur d’une electronica ludique mais assez frétillante qui se frotte aux clicks’n’cuts et autres manipulations IDM, du genre à passer sans problème à l’affiche du défunt festival Panoptica. Si on a pas mal de sympathie pour ce genre il faut bien reconnaître qu’il n’est pas ici extrêmement renouvelé. Il faut attendre les deux tiers de l’album pour que les compos s’épaississent et se posent avec davantage de mélodies mais aussi des sonorités plus profondes, organiques, voire même granuleuses. Dommage qu’une fois passé ce cap et alors qu’on commence à pleinement accrocher, arrive déjà la fin de cet album. Un conseil, écoutez le en ordre aléatoire (SLEMPER “Mismatch” / Aeclectrick Records)

Phil